Les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF)

 Je propose de vous présenter ici ce que sont les Terres australes et antarctiques françaises car elles sont souvent méconnues.



Pour commencer, les TAAF sont une collectivité d'Outre-mer sous l'autorité  d'un préfet administrateur supérieur qui regroupent les Archipels de Crozet, Kerguelen, la terre Adélie (qui n'appartient à personne mais est géré par les TAAF pour la science) et les îles de Saint-Paul et Amsterdam sans oublier les îles éparses plus proches de la Réunion avec Tromelin, Europa, Juan de nova et Glorieuses. Beaucoup de monde ignore que ces terres éloignées font partie du territoire français. 




 

Elles regroupent une immense biodiversité faunistique et floristique dont de nombreuses espèces sont endémiques dû à l'éloignement de plusieurs plusieurs milliers de kilomètres de tout continent. Je vais vous parler en majorité des îles subantarctiques dont Kerguelen fait parti. Il ne faut pourtant pas oublier que les îles Eparses hébergent 11 espèces d'oiseaux et plus de 2 millions de couples d'oiseaux et pas moins de deux espèces de tortues marines qui viennent y pondre leurs œufs. 

Les îles subantarctiques ont quant à elles pas moins de 47 espèces d'oiseaux y nichant comptabilisant plusieurs dizaines de millions d'oiseaux. Et les eaux entourant ces terres ne sont pas moins riches avec toute la base de la chaine alimentaire de ces oiseaux marins (espèces pélagiques dont font partis les crustacés, calmars et poissons). C'est aussi celle de nombreuses espèces de mammifères marins : les pinnipèdes avec les éléphants de mer et les otaries, les cétacés avec pas moins de 25 espèces et les orques.  La flore a également une place prépondérante dans la biodiversité des ces sites incroyables avec 70 espèces indigènes dont 24 sont endémiques à la région subantarctique (c'est-à-dire qu'elle ne sont présentes que dans ces territoires) sur les îles de Crozet et Kerguelen. 

 




C'est en 2006 que les Terres australes françaises deviendront une réserve naturelle nationale avec une superficie de 23 400 km² (7 700 km² terrestre et 15 700 km² marin). Des plans de gestion sont crées tous les 5 à 10 ans afin de préserver la biodiversité terrestre et marine. Les actions sont nombreuses, certaines visent directement à protéger les espèces endémiques (1.8 millions de km² d'aire maritime font partis de la zone économique exclusive qui vise à protéger ces espaces en y contrôlant la pêche), d'autres visent à éliminer ou au moins réguler les espèces exotiques envahissantes (EEE).

 

Afin de comprendre comment fonctionne ces écosystèmes si loin de tout et pourtant si menacées par les dérèglements climatiques et les activités humaines (anciennement les chasses à la baleine, aux otaries, éléphants de mer etc. ; les pêches destructrices dans les eaux internationales), il est important d'étudier la flore et la faune dans leurs habitats. C'est pourquoi de nombreux programmes scientifiques sont mis en place par les laboratoires avec l'appui de l'Institut Polaire et de la Réserve naturelle des TAAF. 

Une vingtaine de laboratoires sont impliqués dans les recherches actuelles et chacun des volontaires dont je fais parti travaille pour l'un ou plusieurs d'entre eux. Des suivis à long terme des populations d'oiseaux et de mammifères à l'étude de la chimie de l'atmosphère en passant par le suivi de l'évolution des plantes endémiques ou introduites, les chercheurs essaient de prédire comment évoluera les écosystèmes austraux et quel sera l'impact des changements globaux sur eux et sur le reste de la planète. 




 

Pour que ces programmes soient menés à bien, des bases scientifiques et militaires ont été mises en place sur les districts depuis plus d'une cinquantaine d'années. Elles rassemblent chaque année entre 15 et 100 personnes environ. Ces bases fonctionnent grâce à la coordination de nombreux corps de métier et différentes institutions : militaires, marine, privé, public. C'est un beau mélange qui doit trouvé un équilibre chaque année ou plutôt à chaque rotation du Marion Dufresne qui permet le renouvellement des équipes : Les infras de la saison estivale et les cuisines sont remplacés à l'OP1 ; les militaires, les cuisines et les infras de la saison hivernale changent à l'OP2 ; le bib et certains agents du privé partent à OP3 ; les successeurs des volontaires de service civique arrivent à l'OP3 et les anciens partent à l'OP4. 

 

Vous l'avez compris, il y a quatre ravitaillements par an réalisés par le Marion Dufresne II. Hormis les rotations d'équipes, ces passages permettent d'apporter des vivres, du matériel, du gazoil mais aussi de permettre la réalisation de logistique sur certaines cabanes à l'aide de l'hélicoptère. Les cabanes sont directement réapprovisionnées par cet intermédiaire et on lui en est reconnaissant à chaque repas en cabane!



 

Ce navire passe parfois lors d'une OP appelée l'OP océanographique car lorsqu'il n'est pas en mer pour ravitailler les districts austraux, il y est pour la science pour le compte de l'IFREMER (Institut Français Recherche Exploitation de la Mer). Il permet ainsi la mise en place d'inventaires, de cartographies, d'étude de l'écosystème marin, de la structure et de l'évolution des dorsales océanographiques etc. sur tous les océans du monde.



 

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